Plus de 50 personnes présentes à ce riche débat, dont plusieurs élus (EELV, PS, FdeG. et responsables syndicaux (CGT, FSU, SGEN) et responsables politiques (PCF et PG notamment)
Débat animé par Daniel Muringer et Michel Muller, de l’association « Information – Pluralisme – Débat citoyen » avec Marie-Jeanne Verny, enseignante à l’Université de Montpellier, réseau Langues et cultures de France.
Ci-dessous le communiqué de presse, en attendant le compte-rendu des échanges et une captation vidéo.
Dès son origine, l’Association Information – Pluralisme – Débat citoyen avait ciblé les langues régionales comme un des sujets prioritaires des soirées-débats. Entre temps, la question de la ratification de la « Charte des langues régionales ou minoritaires » élaborée par le Conseil de l’Europe en date du 5 novembre 1992.
En 1794, on ne parle exclusivement le français que dans 15 départements sur 83. Par la suite, une volonté politique implacable l’impose dans toute la France. Mais en éradiquant quasiment l’usage des langues régionales, c’est une part du patrimoine culturel qui a été effacée : l’utilité démocratique d’une langue commune implique-t-elle nécessairement son unicité ?
Prétendre que deux langues ne pouvaient cohabiter sur un même territoire a constitué le fondement de la politique linguistique en France depuis la Révolution. Pourtant, en analysant de plus près les raisons profondes de cette politique, les langues autres que le français n’ont jamais été ressenties comme une menace pour l’unité territoriale de la France. Ce qui est en jeu, rappelle fort opportunément Marie-Jeanne Verny, est fondamentalement d’ordre social. Supprimer le « patois », c’est ôter un écran entre la population et les nouveaux maîtres. Non sans naïveté, ceux-ci se disent : quand ils parleront comme nous, ils penseront comme nous…
Cette analyse vaut aussi pour une région comme l’Alsace qui connaît pourtant des spécificités surtout au cours des affrontements franco-germaniques fin du 19e et début du 20e siècle. L’alsacien, fortement pratiqué contrairement à d’autres langues régionales, est considéré comme la langue de l’ennemi allemand et, à contrario, le français doit être éradiqué pour les mêmes raisons par le camp adverse.
L’Alsacien a donc pu devenir une langue de « résistance » et il est à noter que le recul de cette langue régionale s’est considérablement accéléré après la seconde guerre mondiale, non plus sous la forme d’une répression (encore que…) mais par une insidieuse campagne de « normalisation » illustrée par l’expression : « C’est chic de parler français ».
Si l’usage de l’alsacien idem a été plus durable dans les milieux ouvriers, c’est qu’il fut la langue d’intégration de la plupart des travailleurs immigrés : italiens, polonais… entre autres. Les Mines de Potasse d’Alsace sont assez exemplaires de cet état de fait.
Une autre raison est également liée au travail frontalier dans des pays germanophones : l’alsacien et sa langue matrice, l’allemand est bien resté une langue « d’usage », non seulement utile au maintien d’une identité personnalité, plus constructive et ouverte culturelle mais également nécessaire pour gagner sa vie.
Alors, faudrait-il relancer l’alsacien et l’apprentissage de l’allemand uniquement pour ces raisons, comme le suggère le président de la Région Alsace ou le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie ? Ce serait bien réducteur pour un idiome qui n’a pas qu’une portée économique.
L’enjeu aujourd’hui est de faire circuler au maximum les éléments de connaissance de la diversité culturelle française et européenne, d’abord pour restituer aux cultures le respect dont elles ont été privées par le passé. Ensuite parce que l’éducation à l’acceptation de la diversité doit être une priorité absolue.
Notre intervenante sera, le jeudi 9 mai, à 19 h, au Centre régional des Sports à Mulhouse, Marie-Jeanne Verny qui enseigne l’occitan à l’Université de Montpellier, membre du réseau Langues et cultures de France. Elle expliquera pourquoi l’usage des langues régionales est à rétablir et en quoi cela ne portera aucun préjudice à l’usage de la langue française qui a plus à craindre de la généralisation du « globish », cet avatar de l’anglais, qui devient la langue de la mondialisation.
La particularité de l’alsacien sera particulièrement abordée pour déboucher sur les mesures nécessaires à prendre sur le plan national, régional et local pour développer l’usage de notre langue dans une région si riche de son passé, sa culture, ses arts, sa littérature…
Le 4 avril 2014