Dans sa chronique « Ecouter les mots » du 6 février, monsieur Taillandier déverse encore son fiel sur les langues régionales de France (la fois précédente, c’était dans l’Humanité du 2 mai 2013). La rengaine est connue : « Je n’éprouve aucun dédain pour le basque, le breton, etc (…) Mais doit-on pour autant y faire droit (…) ». La deuxième partie de la phrase annule la première, car cela revient en clair à refuser à ces langues – qui font partie de notre patrimoine culturel – le droit à une existence normale.
M. Taillandier devrait commencer par s’informer : il n’est pas prévu de rendre obligatoire l’usage de ces langues dans l’administration ou dans les assemblées élues des régions concernées (voir l’entrevue de la ministre de la culture à l’Express le 28 janvier). Et qu’est-ce que la pratique d’une de ces langues aurait à voir avec un « repli identitaire » ? A ce compte-là, jouer à la pelote basque aussi !
M. Taillandier voudrait lancer l’idée d’une « chartes des langues d’immigration » pour « le chinois, le vietnamien, l’arabe, etc ». Que l’on sache, ces langues ne sont pas menacées de disparition, contrairement aux langues régionales de France ! Le soutien à celles-ci est la raison d’être du projet de loi qui vient d’être adopté par les députés. Mais il est prévu de protéger aussi les langues qui ne sont pas reconnues officiellement dans le pays d’origine des migrants (arabe dialectal, berbère, romani, yiddish…)
Quant au reproche fait aux Catalans d’employer l’anglais sur une banderole… M. Taillandier n’a-t-il jamais vu des slogans dans cette langue sur des images de manifestations en Asie ou en Amérique latine ? Cela répond simplement à la volonté de d’être compris par les médias étrangers. Ceux qui avaient pour mot d’ordre « Yankees go home ! » en France dans les années 50 à 70 étaient-ils des partisans de la langue anglaise ? Encore une précision : le gouvernement espagnol tente de remettre en cause l’enseignement du catalan. Quand on connaît l’attachement des Catalans à leur langue, cela aussi peut expliquer la poussée de la revendication indépendantiste.
Gilles Fossat, Arles.
N.B. : Ai levat de mon messatge aquesta frasa per pas mesclar lei problèmas, maugrat lo maucòr que m’inspira lo personatge : « Sur un autre sujet, monsieur Taillandier ne semble pas le moins du monde gêné d’être un des premiers signataires du « Manifeste des 343 salauds » de novembre dernier « contre les lois anti-prostitution, pour la liberté » (sic)… Un tel individu mérite-t-il de tenir une chronique dans ce journal ?
Nous ajouterons à ce dernier point ce qu’a déclaré François Taillandier, qui s’est dit très contrarié : « Elisabeth Lévy (journaliste, à l’origine du manifeste des « 343 salauds ») m’a piégé pour des raisons mercantiles. Je peux être bête ou naïf, mais certainement pas un salaud. » Chacun appréciera, nos raisons, à nous de relayer ce débat n’ont rien à voir avec un quelconque mercantilisme…