04-02-20 – « Pour les langues régionales, en danger pressant, il faut ouvrir les fenêtres de la diversité »

 Une tribune signée par 132 universitaires

Vous trouverez sur ce lien une tribune publiée dans Le Monde le 13 février, par 128 universitaires à propos du traitement réservé aux langues régionales dans les réformes en cours dans l’Éducation nationale. en particulier celles du baccalauréat et du lycée, permettant ainsi de faire connaitre publiquement une situation plus que préoccupante. Certes, c’est sur le site internet du journal, et non dans son édition papier que cette tribune est parue, et elle est au surplus accessible dans sa totalité aux seuls abonnés. Par ailleurs, c’est une version allégée du texte originel que la rédaction du Monde a acceptée, avant de supprimer au final une citation d’un propos peu amène tenu en Corse face à un élu territorial par le président de la République. Sans doute a-t-on considéré que rapporter ce propos n’ajoutait pas grand chose à l’argumentaire développé par la tribune, dans la mesure où il pouvait somme toute être rangé dans la  catégorie assez anecdotique des petites phrases acides dont le président est coutumier. Il nous semble pourtant assez révélateur d’une attitude qui fait écho à ce que l’on trouve, ou ne trouve pas, dans la politique menée sur la question des langues régionales par le Ministère de l’Éducation Nationale, et dont le tout récent débat parlementaire autour de la proposition de loi de P. Molac fournit une éloquente illustration. Les promoteurs de la Tribune considèrent donc qu’il n’est pas inutile de donner à connaitre à un public large la version originelle du texte publié par le Monde, complété par la liste de ses signataires.

 Ce texte initial a fait l’objet d’un travail collectif porté par un noyau de collègues mais de nombreux signataires ont interagi avec celui-ci pour effectuer telle ou telle modification, sans préjudice de l’argumentaire de fond.

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Les langues régionales ? Soulever une telle question en ces temps de bouleversements sociaux, où les angoisses collectives s’accumulent, pourrait sembler surprenant, voire inapproprié aux yeux de la population.

Une population généralement ignorante de l’histoire linguistique de la France et du multilinguisme qui caractérise la société française. Multilinguisme à deux composantes, gravitant elles-mêmes autour du français et en symbiose avec lui, les langues historiques de France, d’une part, les langues de l’immigration, d’autre part. Multilinguisme également marqué par la présence incontournable d’une hyper-langue mondialisée, l’anglais, ou plutôt de sa version d’exportation, le globish. Cette ignorance globale a été voulue et construite de toute pièce par l’État : quand on interroge aujourd’hui des étudiants parisiens inscrits en 1e année de lettres sur l’existence des langues de France, ils en ignorent à peu près tout, « à part le corse parce qu’ils mettent des bombes ».

La question des langues régionales avait été traitée une première fois, de façon radicale, en 1925. Le ministre de l’Instruction publique, Anatole de Monzie, avait alors écrit que les petits Français en avaient bien assez avec la maîtrise de la langue nationale pour ne pas s’attarder aux vieilleries dialectales ou patoisantes et à leurs fariboles poussiéreuses.

Après la seconde guerre mondiale, il y eut un changement de cap. Tous les régionalistes n’avaient pas été des collaborateurs haineux, beaucoup d’entre eux s’étaient engagés dans la Résistance. Ainsi fut votée, en 1951, la loi Deixonne, au bénéfice des langues et dialectes de France. Curieusement, ce vote de principe tomba dans l’oubli jusqu’en 1969, année où fut publié son décret d’application. Dès lors, les « langues régionales » allaient bénéficier d’acquis progressifs, dans une forme de continuité témoignant d’une certaine reconnaissance de la part de la représentation politique nationale et de l’Etat. L’apogée semble avoir été atteint en 2013, avec l’article L 312-10 du Code de l’éducation, adopté, non sans mal d’ailleurs, dans le cadre de la loi d’orientation et de refondation de l’école de Vincent Peillon : « Les langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé prioritairement dans les régions où elles sont en usage… »

Las ! La réforme du baccalauréat, voulue par Jean-Michel Blanquer, a rompu l’équilibre fragile qui prévalait depuis cinquante ans. En créant un domaine de spécialité « langue régionale » hyperspécialisé, en dévalorisant l’ancienne LV2 devenue LVB, en siphonnant avec la nouvelle LVC l’attractivité des anciennes LV3 et option, en créant une concurrence déloyale avec les langues anciennes, l’État a porté volontairement un coup terrible à toutes les langues qui avaient péniblement accumulé quelques acquis dans la durée.

Le résultat se révèle à la mesure des choix conscients opérés : perte massive d’inscriptions dans certaines académies, fermeture des cours dans de nombreux lycées, un domaine de spécialité en queue de peloton, un peu plus d’une centaine d’inscrits pour toute la France dans les rares lycées où il est proposé, en concurrence directe avec celui des arts du cirque : le tout pour plus de 800 000 choix effectués par les lycéens inscrits en classe de 1e parmi tous ceux proposés…

On pourra alors s’interroger sur les motivations d’une telle radicalité dans les choix du ministre. Il semblerait que la première relève de la rationalité macro-économique : la Cour des Comptes, l’OCDE parlent de dépenses inutiles, en matière d’éducation, dans le second degré. Par conséquent, la chasse aux petites disciplines constituerait une mesure opportune pour réaliser des économies d’échelle – mais où s’arrêtera-t-on, alors ? Quelles autres disciplines devront disparaître pour satisfaire les comptables officiels ? La deuxième relève d’un jacobinisme ombrageux et maladif : à l’heure de la mondialisation, à l’heure où un candidat à la mairie de Paris réclame le bilinguisme franco-anglais pour tous les petits Parisiens, il apparaît plus que temps de décréter l’obsolescence programmée des langues régionales en mettant fin à leur errance baroque dans la modernité. La troisième, qui est sans doute la plus grave, témoigne du darwinisme social d’une partie de nos élites : par leur posture, par leurs discours, par les décisions que prend le pouvoir dont elles sont l’émanation, elles ont délibérément naturalisé l’infériorité de certaines langues par rapport à d’autres en les inscrivant dans une ontologie de la médiocrité, en faisant croire à tout un chacun que tout un chacun est libre et responsable de ses propres choix linguistiques, à condition qu’il opère le bon, celui de la langue des maîtres, pas celle des gueux. Car pour ces gens, telle l’eau avec le feu, deux langues ne peuvent cohabiter, l’une des deux doit disparaître. On ne peut qu’être frappés de sidération lorsque l’on revient sur la tempête judiciaire déclenchée par un nourrisson, le petit Fañch, laquelle est remontée jusqu’à la Cour de Cassation dont le jugement, malgré tout, se voit remis en question par le procureur de Brest !

Or tout un chacun doit savoir que la France ne respecte pas les textes internationaux, en particulier la convention de l’Unesco sur la protection du patrimoine immatériel, ratifiée par la loi nº2006-791 du 5 juillet 2006, laquelle a valeur constitutionnelle. Elle ne tient aucun compte de l’Atlas des langues en danger dans le monde, publié par l’ONU en 2011. L’opinion, totalement désinformée, totalement inéduquée en l’espèce, demeure dans l’ignorance de tels faits. De la même façon, elle n’a aucune conscience qu’avec sa réforme, le ministre Blanquer foule aux pieds l’article 312-10 du Code de l’éducation ainsi que la politique de conventionnement entre État et Collectivités pratiquée depuis plus de vingt ans. On ajouterait volontiers l’article 75-1 de la Constitution qui fait des langues de France une partie du patrimoine national si on ne savait pas qu’il est purement décoratif et sans utilité pratique.

Tous les signaux, forts ou faibles, envoyés par ce gouvernement vont dans le même sens, celui de la disparition programmée des langues régionales. Dernière mauvaise nouvelle en date : au Conseil d’administration de Canopé, l’éditeur public des langues régionales, le 18 décembre dernier, le représentant de la DGESCO a annoncé la fin de l’édition papier des ouvrages et documents pédagogiques en langues régionales depuis… 1976.

Le pacte girondin, initialement proposé dans la campagne du candidat Macron, s’est apparemment transformé en contrat léonin.

Et l’on retiendra pour finir la façon avec laquelle le Président a chapitré le Conseiller exécutif en charge de la langue corse, en février 2018, à Bastia. « Avec vous on s’enferme dans les toilettes ? ». Avec une seule cuvette, pour autant de langues concernées, il apparaîtra sans doute bien difficile d’attendre patiemment son tour…

Et si une telle phrase a finalement toute sa place au Musée des Arts premiers, on ne peut que réclamer, pour toutes les langues régionales, en danger plus ou moins grand, évident et pressant, d’ouvrir toutes grandes les fenêtres de la diversité. Dans une République « indivisible, laïque, démocratique et sociale » ainsi que stipulé dans l’article 1 de la Constitution. Indivisible, certes. Mais uniforme, absolument pas. Ce même article qui ajoute d’ailleurs : « Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens ».

Et la loi ne doit établir ni distinction ni hiérarchie entre les citoyens qui pratiquent une langue régionale et leurs pairs monolingues, dont le français est la langue exclusive.

Signataires

  1. Adroher Michel, Maître de Conférences langue et littérature médiévales, Université de Perpignan Via Domitia
  2. Agresti Giovanni, Professeur Sciences du langage, Université Bordeaux Montaigne
  3. Alen-Garabato Carmen, Professeure Sciences du langage, Sociolinguistique et politiques linguistiques, Université Paul Valéry-Montpellier 3
  4. Alibert Laurent, Professeur certifié qualifié Maître de Conférences, occitan, Université Paul Valéry-Montpellier 3
  5. Altmeyer Yves, Professeur agrégé d’allemand, Université de Lorraine
  6. Apalategui Ur, Professeur études basques, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  7. Arabyan Marc, Professeur honoraire de linguistique, Université de Limoges
  8. Arcocha-Sarcia Aurélia, Professeur émérite études basques, Université Bordeaux Montaigne
  9. Avanzi Mathieu, Maître de conférences francophonie et variété des français, UFR de Langue française, Sorbonne Université
  10. Barthel Patrick, Maître de Conférences en sciences de gestion, directeur du conseil franco-allemand de Lorraine, université de Lorraine
  11. Bernard Katy, Maître de Conférences occitan, Bordeaux
  12. Berjoan Nicolas, Maître de Conférences en histoire contemporaine, Université Perpignan Via Domitia
  13. Berthelot Martine, Professeure de catalan, Université de Perpignan
  14. Bertile Véronique, Maître de conférences en Droit public, Directrice des études de la Licence en Droit, Université de Bordeaux, Centre d’Études et de Recherches Comparatives sur les Constitutions, les Libertés et l’État (CERCCLE)
  15. Bertrand Antoine, Docteur en Littérature et Civilisation françaises, Paris IV
  16. Bevant Yann, Maître de Conférences Études anglophones, UNC Nouméa
  17. Beyer Philippe, Professeur agrégé d’allemand, Université de Lorraine
  18. Blanchard Nelly, Professeur, celtique, Université de Bretagne Occidentale
  19. Blaise Marie, Maître de Conférences habilitée à diriger des recherches, Littératures comparées, Université Paul-Valéry, Montpellier 3
  20. Blanchet Philippe, Professeur de sociolinguistique, Université Rennes 2
  21. Bonet Christian, Maître de Conférences honoraire, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
  22. Boutan Pierre, Maître de Conférences honoraire, linguistique, faculté d’éducation, Université de Montpellier
  23. Boyer Henri, professeur sciences du langage, Université Paul-Valéry – Montpellier 3
  24. Bres Jacques, Professeur émérite, sciences du langage, Université Paul-Valéry – Montpellier 3
  25. Caiti-Russo Gilda, Professeure d’occitan, Université Paul-Valéry – Montpellier
  26. Candelier Michel, Professeur émérite de Didactique des langues, Le Mans-Université
  27. Carpitelli Elisabetta, Professeure dialectologie et géolinguistique romanes, Université Grenoble Alpes
  28. Casagrande Sylvain, Maître de Conférences en Langue et linguistique occitanes, Université Côte d’Azur
  29. Casanova Jean-Yves, Professeur d’occitan, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  30. Casenave Jean, Professeur (basque), Université de Bordeaux-Montaigne
  31. Cavaillé Jean-Pierre, Maître de Conférences EHESS, Toulouse
  32. Ceccarini Estelle, Maîtresse de Conférences en Études italiennes, Aix-Marseille Université
  33. Challet Vincent, Maître de Conférences en histoire médiévale, Université Paul Valéry-Montpellier 3
  34. Chateaureynaud Marie-Anne, Maître de Conférences habilitée à diriger des recherches INSPE Université de Bordeaux
  35. Choplin Cédric, Maître de Conférences breton, Université RENNES 2
  36. Christoph Marc, Maître de Conférences en arts plastiques, INSPE de Lorraine
  37. Clerc Conan Stéphanie, Maître de Conférences sociodidactique des langues, université Rennes 2
  38. Corrons Fabrice, Maître de Conférences en catalan et espagnol, Université de Toulouse 2 Jean Jaurès
  39. Courouau Jean-François, Maître de Conférences habilité à diriger des recherches occitan, Université Toulouse-Jean Jaurès
  40. Costa James, Maître de Conférences en sociolinguistique, université Paris 3
  41. Coste Daniel, Professeur émérite Sciences du langage et didactique des langues, École Normale Supérieure de Lyon, ancien directeur du CREDIF (Centre de Recherche et d’Étude pour la Diffusion du Français)
  42. Christoph Marc, Maître de Conférences en arts plastiques, INSPE de Lorraine
  43. Danglades Mylène, Maître de Conférences en Cultures et Langues Régionales, Université de Guyane
  44. De Robillard Didier, Professeur, Université de Tours, ancien Président du jury de CAPES de créole
  45. Debax Hélène, Professeur histoire médiévale, Université Toulouse 2 Jean-Jaurès, CNRS UMR 5136 Framespa-Terrae
  46. Debibakas Audrey, Maître de Conférences langues et cultures régionales et vice-présidente de l’université de Guyane, déléguée à la culture
  47. Denis Gwendal, Professeur de breton, Université de Rennes 2
  48. Desile Emmanuel, Maître de Conférences, langue et littérature provençales, université Aix-Marseille
  49. Di Meglio Alain, Professeur des universités (Corte) Cultures et langues régionales
  50. Dispagne Michel, Professeur des universités en sciences du langage, université de Guyane
  51. Djordjevic Leonard Ksenija Maître de Conférences habilitée à diriger des recherches, sciences du langage, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  52. Dourdet Jean-Christophe, Maître de Conférences langues régionales, Poitiers
  53. Ducros Franck, Professeur honoraire Études Italiennes, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  54. Eloy Jean-Michel, Professeur émérite en Sciences du langage, Université de Picardie
  55. Escudé Pierre, Professeur occitan, INSPÉ-université de Bordeaux
  56. Faure Marcel, Maître de Conférences honoraire, langue et littérature du Moyen Âge, Université Paul-Valéry, Montpellier 3
  57. Fillol Véronique, Maître de Conférences Habilitée à diriger des recherches en sciences du langage, langues kanak, Université de la Nouvelle-Calédonie
  58. Fogacci Tony, Professeur études corses, Università di Corsica Pasquale Paoli
  59. Forlot Gilles, Professeur sciences du langage, INALCO, Paris
  60. Fourniau Vincent, Directeur d’études, Histoire de l’Asie centrale, EHESS Paris
  61. Fusina Jacques, Professeur émérite langue corse, université de Corse
  62. Ganteau Jean-Michel, Professeur littérature britannique Université Paul-Valéry – Montpellier 3
  63. Gardy Philippe, Directeur de recherche CNRS honoraire, études occitanes
  64. Gasiglia Rémy, Professeur Langue et Littérature d’oc, Université Côte d’Azur
  65. Gasquet-Cyrus Médéric, Maître de Conférences sociolinguistique, université Aix-Marseille
  66. Géa Jean-Michel, Maître de Conférences sciences du langage, Università di Corsica Pasquale Paoli
  67. Gherardi Eugène, Professeur langue corse, Università di Corsica Pasquale Paoli, Président de la 73e section (Cultures et langues régionales) du Conseil National des Universités
  68. Ginestet Joëlle, Maître de Conférences honoraire, Université Toulouse Jean Jaurès
  69. Gourc Jacques, Maître de Conférences langue et culture occitanes, médiéviste, Université de Toulouse II (UT2J)
  70. Haridas Christian, Maître de Conférences Langues et Cultures Régionales, Université de Guyane
  71. Heiniger-Casteret Patricia, Maître de Conférences occitan et anthropologie, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  72. Hupel Erwan, Maître de Conférences habilité à diriger des recherches, breton, Université Rennes 2
  73. Jarnoux Philippe, Professeur histoire moderne, Université de Bretagne occidentale, Brest
  74. Joly André, Professeur émérite gascon et béarnais, Université de Paris IV-Sorbonne & CAER (Centre Aixois d’Etudes Romanes) Université Aix-Marseille
  75. Lacheny Ingrid, Maître de Conférences Langues et littérature germaniques et scandinaves, Université de Lorraine
  76. Lagarde Christian, Professeur émérite, Études hispaniques, sociolinguiste, Université de Perpignan Via Domitia
  77. Latry Guy, Professeur des universités émérite, occitan, université Bordeaux-Montaigne
  78. Laupies Mélanie, Professeure certifiée occitan, Université Paul-Valéry, Montpellier
  79. Le Bihan Hervé, Professeur breton, Université Rennes 2
  80. Le Bris Daniel, Maître de Conférences habilité à diriger des recherches, dialectologie bretonne, Brest
  81. Le Coadic Ronan, Professeur culture et langue bretonnes, Université Rennes 2
  82. Le Pipec Erwan, Maître de Conférences breton Université de Brest
  83. Le Roux David, Maître de Conférences traduction, Université Rennes 2
  84. Lebon-Eyquem Mylène, Professeure sciences du langage, créole, université de La Réunion
  85. Leonard Jean-Léo, Professeur sciences du langage, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  86. Lespoux Yan, Maître de Conférences habilité à diriger des recherches, occitan, Université Paul-Valéry – Montpellier 3
  87. Lieutard Hervé, Professeur occitan – Université Paul-Valéry – Montpellier 3
  88. Marimoutou Carpanin, Professeur études créoles, université de la Réunion
  89. Martel Philippe, Professeur des universités émérite, occitan, Université Paul-Valéry – Montpellier 3
  90. Maul Armand, Professeur émérite, biostatistique, IUT de Metz, Université de Lorraine
  91. Maurer Bruno, Professeur ordinaire en didactique du FLE, Université de Lausanne
  92. Medori Stella, Maître de Conférences habilitée à diriger des recherches, sciences du langage, Università di Corsica Pasquale Paoli
  93. Moal Stefan, Maître de Conférences habilité à diriger des recherches, breton, Rennes 2
  94. Mouraux Philippe
  95. Nicolaï Robert, Professeur émérite, sociolinguistique, Institut Universitaire de France et université de Nice
  96. Niubo François, Maître de Conférences Études Hispaniques et Latino-Américaines de l’université d’Aix-Marseille
  97. Ostolaza–Porqueres Maitane, Professeur Histoire et Civilisation de l’Espagne contemporaine, Université de Nantes
  98. Ottavi Pascal, Professeur langue corse, Università di Corsica Pasquale Paoli
  99. Pech Rémy, Professeur émérite Histoire (Chaire Jean Monnet) à l’Université Toulouse Jean Jaurès Président honoraire de l’Université Toulouse Jean Jaurès
  100. Peytavi Deixona Joan, Professeur, Universitat de Perpinyà et Institut d’Estudis Catalans, Barcelona
  101. Pfefferkorn Roland, Professeur émérite sociologie, Université de Strasbourg
  102. Pierra Gisèle, Maître de Conférences émérite habilitée à diriger des recherches Sciences du Langage,  Université Paul-Valéry Montpellier 3
  103. Piot Céline, docteure en histoire, formatrice INSPÉ Bordeaux
  104. Pivot Bénédicte, Maître de Conférences en sciences du langage, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  105. Poli Muriel, Maître de Conférences Linguistique, Études corses, Università di Corsica Pasquale Paoli
  106. Potier Olivier, Maître de conférences (Sol & Eaux), Université de Lorraine
  107. Poujade Patrice, Professeur histoire moderne, université de Perpignan
  108. Prudent Lambert-Félix, Professeur sciences du langage, créole, université de Guadeloupe
  109. Puren Laurent, Maître de Conférences, Département de FLE/S, Université de La Réunion
  110. Quenot Sandrine, Professeure agrégée d’allemand, INSPÉ de Lorraine
  111. Ranucci Jean-Claude, Maître de Conférences honoraire Langues et cultures régionales, Université Côte d’Azur
  112. Rheinert Bettina, Professeure agrégée allemand, Responsable du centre Média-Langues Metz, Université de Lorraine
  113. Richard Serj, Professeur certifié breton, directeur du Département breton-celtique de l’Université de Brest
  114. Rispail Marielle, Professeure émérite sociolinguistique et didactique, université de St Etienne
  115. Sagnes Jean, Professeur émérite histoire, ancien président de l’Université de Perpignan Via Domitia
  116. Sarrazin Sophie, Professeure linguistique hispanique, Université Paul Valéry-Montpellier 3
  117. Savelli Marie, Maître de Conférences honoraire, linguistique française Université Stendhal, Grenoble
  118. Schrank Suzanne, Enseignante d’allemand, Université de Lorraine et Goethe Institut
  119. Sibille Jean, Chargé de recherche habilité à diriger des recherches Laboratoire CLLE-ERSS (UMR 5263) CNRS / Université Toulouse – Jean Jaurès
  120. Siouffi Gilles, Professeur, Langue Française, Sorbonne Université
  121. Sorba Nicolas, Maître de Conférences culture et langue corses, Università di Corsica Pasquale Paoli
  122. Soriano-Gafiuk Florence, Professeure Mathématiques, Directrice du site biculturel de Sarreguemines de l’INSPÉ de Lorraine, Directrice du collégium INTERFACE de l’université de Lorraine
  123. Terral Hervé, Professeur des universités émérite de sociologie, Toulouse II
  124. Trân Ngoc-Anh, Maître de Conférences sciences du langage, université de la Nouvelle-Calédonie, retraitée
  125. Triaire Sylvie, Maître de Conférences Littérature française Université Paul-Valéry Montpellier 3
  126. Urteaga Eguzki, Professeur études basques, Université du Pays Basque
  127. Vernet Florian, Professeur honoraire occitan, Université Paul-Valéry – Montpellier 3
  128. Verny Marie-Jeanne, Professeure émérite occitan, Université Paul-Valéry Montpellier 3
  129. Viaut Alain, directeur de recherche au CNRS, UMR 5478 Iker, Bordeaux
  130. Videgain Charles, Professeur émérite Études basques, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  131. Wharton Sylvie, Professeure sociolinguistique, Aix Marseille Université
  132. Wiss Emmanuelle, Professeure agrégée d’allemand, IUT de Metz
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4 réponses à 04-02-20 – « Pour les langues régionales, en danger pressant, il faut ouvrir les fenêtres de la diversité »

  1. vic-bilh dit :

    Détail amusant : P. Martel reproche à A. Joly d’user d’un argument d’autorité, mais utilise lui-même (2 fois) un argument d’autorité : « la plupart des spécialistes, de longue date » et « la plupart des linguistes travaillant sur ce qui se parle dans le sud de la France ». Et ??
    On cherche en vain les arguments rationnels, mis à part celui si démocratique du nombre (« la plupart »). Mais « la plupart » ont-ils été, en copie conforme, les élèves de professeurs déjà occitanistes ?

    Du temps de Galilée (1564-1642), « la plupart des spécialistes, de longue date » à la Sorbonne, notamment, prétendait que la Terre était au centre du monde et que le soleil tournait autour … Galilée, lui, affirmait que la Terre tournait autour du soleil, il a dû se renier sous peine de bûcher. Mais la suite lui donna raison.
    Seule moralité : il faut accéder aux faits et arguments, pas juste à l’avis de « la plupart ».

    • Philippe Martel dit :

      1) je ne comprends pas très bien le message de M. Vic-bilh, qui que ça puisse être par ailleurs. Il est question d’une tribune sur l’enseignement des langues régionales signée par des universitaires face aux entreprises de démolition de M. Blanquer, de fameuse mémoire. En bonne logique, c’est à ce sujet que M. Vic-Bilh aurait pu s’exprimer, et je ne doute pas que son opinion aurait été tout à fait intéressante. Or, visiblement, cette question lui est indifférente et il préfère répondre à un texte que j’avais écrit jadis (je ne me souviens même plus quand) à propos d’un papier d’humeur d’un angliciste philo-béarnois. Ce télescopage m’étonne. Mais bon, c’est dimanche, jour de la charité chrétienne, je vais donc essayer de répondre.
      2) M. Vicbilh semble s’imaginer que seuls des élèves déformés par des enseignants occitanistes militants (autant de sombres crapules)peuvent croire à l’existence de l’occitan. Je ne saurais trop conseiller à M. Vic-Bilh de se reporter à l’article auquel il répond, dans lequel je cite quelques noms de romanistes u XIXE siècle, faute de pouvoir citer tous ceux qui se retrouvent aujourd’hui dans l’Association internationale d’études occitanes, et qui pour la plupart (oups) ne sont ni « Occitans », ni même Français, et ont de toute façon passé l’âge de suivre des cours d’enseignants d’occitan en collège et lycée.
      3) J’aurais pu, bien entendu, dans ma réponse au talentueux angliciste Joly, aligner un certain nombre d’arguments techniques concernant l’ensemble occitan à l’intérieur de l’ensemble roman. Mais cela aurait nécessité de longs développements ; je me suis donc borné à signaler à M. Joly le sens des concepts d’adstrat et de substrat, sur lesquels il me semblait avoir besoin de quelques lumières.
      4) dans son second message; M. Vic-bilh semble considérer que les troubadours du XIIe siècle n’écrivaient pas la même langue que les cocitanophones des classes populaires. Le fait qu’ils aient bien entendu utilisé un registre de langue élevé à destination de l’aristocratie qui les payait n’implique pas que la distance avec la langue populaire ait été à ce point infranchissable. Ce qui est vrai par contre, c’est que la langue des actes de la pratique (les chartes) reflète déjà les grandes divisions dialectales de la langue d’oc, même le gascon, dont les attestations sont rarissimes au XIIe siècle. Mais il s’agit de variantes dialectales, pas de langues distinctes. Il suffit de comparer avec les premiers textes d’oïl ou « italiens » pour mesurer la différence.
      5) Si je comprends bien, M. Vic-Bilh met son opinion personnelle sur la question des langues d’oc au même rang que celle du regretté Galilée sur la place respective de la terre et du soleil, et range donc « la plupart » des romanistes actuels dans le camp du Pape et des cardinaux du XVIIe (il me semble que c’est plutôt à eux que Galilée a eu affaire). Voilà un incontestable argument d’autorité. J’attends donc avec impatience qu’il me communique les références des oeuvres potentiellement immortelles dans lesquelles il défend son point de vue d’une nouveauté ébouriffante.
      Je présente toutes mes excuses aux lecteurs ordinaires du site langues cultures, à qui on propose ordinairement d’autres sujets de réflexion, et qui risquent fort, même s’ils sont occitans, de ne rien comprendre à mon échange avec M. Vic-Bilh, le Galilée des Pyrénées. Mais bon…

  2. vic-bilh dit :

    Ce site, dédié à la diversité des langues, a un onglet occitan, pas d’onglet gascon ou provençal. Dommage.
    Dans le texte ci-dessus, 18 mentions pour occitan, 1 pour gascon, béarnais…

    Mais déclarer l’occitan langue régionale de Gascogne, c’est comme déclarer le français langue régionale de Corse, sous prétexte que tout ce monde a pour ancêtre commun le latin. La fable des langues d’oc issues de la langue des troubadours est périmée : cette dernière était une langue littéraire, dans les cours princières du Midi médiéval, pas la langue du peuple.

    • Marie-Jeanne Verny dit :

      C’est un point de vue… Le nôtre est différent : nous considérons que l’occitan-langue d’oc est un dans la diversité de des parlers. Voir http://www.felco-creo.org/pour-en-savoir-plus-sur-la-langue-occitane/, ou encore http://www.felco-creo.org/2013-un-debat-avec-andre-joly-linstitut-bearnes-e-gascon/ ou http://www.felco-creo.org/juin-2008-langue-doc-langues-doc-une-reflexion-de-philippe-martel/.
      Par ailleurs, qu’il y ait une langue de cour différente de la langue du peuple, nul ne le conteste. En revanche, les témoignages abondent d’échanges entre locuteurs de langue d’oc de divers dialectes qui parlaient chacun le leur et se comprenaient, tout en notant les différences. Mais c’était avant que le français s’impose totalement comme unique langue commune. Ce fait a mis à mal l’intercompréhension.
      Et le point de vue du Ministère de la culture  » « La ministre de la culture et de la communication rappelle que les langues régionales sont désormais inscrites dans la Constitution, à l’article 75, dans le titre XII, comme patrimoine de notre pays et confirme que le Gouvernement souhaite maintenir la dénomination d’occitan ou langue d’Oc dans les textes nationaux, tout en affirmant et protégeant l’unité de cette langue, riche de sa grande diversité dialectale. Considérant que chaque variété est l’expression pleine et entière de la langue qui n’existe de façon unitaire que par ses composantes, le Gouvernement, dans le domaine linguistique gallo-roman n’entend aucunement remettre en cause la nomenclature traditionnelle en usage dans l’administration depuis la loi Deixonne de 1951 qui reconnaît l’occitan comme une langue aux différentes variétés dialectales dont le provençal. Aussi, afin de concrétiser la reconnaissance des langues régionales, le Gouvernement envisage-t-il un cadre de référence donnant une forme institutionnelle au patrimoine linguistique de la nation et n’impliquant aucune modification de la Constitution concernant la ratification de la charte européenne des langues régionales… » (je pense qu’il s’agissait, à l’époque, de Christine Albanel.

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