« Déprovincialiser » les langues de France

Dans le cadre du « Forom des langues » tenu  à Toulouse  le 26 mai 2013, un débat s’est engagé dans lequel Alain Hayot a précisé notre regard sur la situation qui est faite aux langues de France.
Le 1er Juin 2013, au Sénat, lors d’un colloque du Front de Gauche sur la culture, il a annoncé la poursuite du travail de notre Réseau avec les parlementaires Front de Gauche pour travailler à une Loi

Nous reprenons ici l’article d’Alain Raynal paru dans « l’Humanité » du 4 juin 2013

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« Déprovincialiser » les langues de France

Le Forom des langues qui s’est déroulé à Toulouse propose  une éducation sur tout le territoire national qui montre l’apport des langues et cultures régionales à la langue, à la culture et à la civilisation française.

 

Dimanche 26 mai, la place du Capitole résonne copieusement des mots et des musique des langues – une centaine – parlées à Toulouse. Le 21e Forom des Langues du monde ouvre ce jour là l’espace aux associations culturelles et aux locuteurs de ces langues.

L’occasion pour les organisateurs, le Carrefour culturel Arnaud Bernard et son président Claude Sicre, de poser avec détermination la problématique des langues régionales, c’est-à-dire des langues de France. Question d’autant plus fondée que le 20 mars le président de la République a estimé,  alors qu’il s’y était engagé comme candidat, que la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires n’était pas constitutionnellement possible. Aurélie Filippetti, ministre de la Culture s’est alors adressée à un Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité linguistique interne, pour lui demander  « de formuler des recommandations visant à valoriser cette pluralité linguistique ».

Une proposition du Forom des Langues de Toulouse (1) élaborée dès 1997 a été en ce sens présentée fin avril à ce comité consultatif qui lui aurait réservé un accueil positif. Il s’agit de la proposition de généralisation à tous les Français d’une éducation qui montre l’apport des langues et cultures régionales à la langue, à la culture et à la civilisation française. Elles ont forgé l’identité française. Jusqu’à maintenant l’enseignement de ces langues n’est possible que dans l’ère régionale où on les parle. « Il faut déprovincialiser les esprits », a insisté Claude Sicre. «C’est le rôle de la République d’éduquer à cette histoire, c’est-à-dire d’apporter à tous des lumières sur cette question et de ne pas laisser régner les obscurantismes, aussi bien ceux de l’unitarisme centraliste que ceux portés par des mythologies régionalistes et nationalitaires ».

Lors du débat, plusieurs intervenants ont critiqué la décision de François Hollande de repousser la ratification de la Charte européenne pour des motifs constitutionnels. « Une ratification aurait revêtu une portée symbolique majeure ».

Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France représentant la ministre de la Culture a assuré que la volonté du ministère était de valoriser le statut des langues régionales. « Les langues régionales sont des langues de France. La reconnaissance du multilinguisme va peu à peu avancer dans les textes législatifs ».

Participant au débat du Forom, Alain Hayot, délégué national à la culture pour le PCF et Front de gauche, a réaffirmé son soutien à la ratification de la Charte européenne. La prise en compte des langues de France oblige à revoir la conception de la République. « Le pluralisme culturel ne met nullement en cause le caractère indivisible de la République ». Il a souligné le besoin d’une 6e République qui fait du pluralisme politique et culturel un enjeu fondamental. « Les langues de France sont notre bien commun, chacune mérite le soutien de la République ». Alain Hayot s’est vivement inquiété de la disparition dans l’acte III de la décentralisation des mots culture, langue, arts. Il a  alerté sur la réduction de 5% du budget national de la culture, une première dans l’histoire de la République.

Alain Raynal

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