L’occitan

L’occitan, ou langue d’oc, est parlé dans huit régions du sud de la France (soit un tiers du territoire français), mais aussi dans 12 vallées des Alpes italiennes et au Val d’Aran en Espagne. Cette langue connaît des variations sur son territoire qui n’entravent pas la communication et le partage de la création culturelle. Le nombre de locuteurs est évalué généralement entre 1 et 2 millions, même si ceux qui comprennent la langue sont bien plus nombreux. Mais leur compétence manque de valorisation sociale.

Une langue millénaire… résolument moderne et pourtant menacée

L’occitan commence d’être attesté dès le Xe siècle. Très vite, il s’affirme comme langue de création littéraire et langue administrative. D’abord seulement symbole du pouvoir royal, le français devient à partir du XVIe siècle la langue officielle et la langue des élites. Mais la langue d’oc demeure jusqu’au début du XXe siècle la principale langue de communication quotidienne du peuple en pays d’oc.

C’est la scolarisation massive, dès la fin du XIXe siècle, qui impose le français comme langue de communication unique et conduit à interrompre la transmission familiale de la langue.

Pourtant, l’occitan est toujours présent dans les contes, proverbes, expressions. Depuis un millénaire, des dizaines de générations ont tissé leur vie quotidienne en occitan : langue du travail, des échanges, de la réalité et de l’imaginaire produisant contes, légendes, rites, chansons… Ce patrimoine immatériel, recueilli parfois auprès des anciens, doit continuer à être transmis, parce qu’il participe de la pluralité du monde. La langue est aussi présente dans les noms de lieux, les noms de famille… Des mots et tournures de la langue française sont issus de l’occitan (esplanade, clafoutis, nougat ou cavaler…). Si les locuteurs naturels vieillissent et si leur nombre décroît, l’usage de l’occitan est relayé par une pratique linguistique reconquise, généralement transmise par l’école, et quelques incursions dans les média, une place significative dans les groupes artistiques et une production littéraire ininterrompue. Cependant des efforts sont nécessaires pour que ce réel dynamisme culturel permette d’inverser le processus de recul de la transmission.

Aujourd’hui la transmission de l’occitan est en recul et sa reconnaissance en France insuffisante, alors que la reconnaissance et l’utilité des langues régionales sont en principe réaffirmées :

– Convention UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, adoptée en France par la loi du 5 juillet 2006.

– Politique de l’Union Européenne : protéger et promouvoir les langues régionales et minoritaires. Le Parlement européen a adopté plusieurs résolutions destinées à promouvoir des actions en faveur des langues régionales et minoritaires.

– L’article 75-1 de la Constitution de la République française adopté le 23 juillet 2008, dispose que: « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. »

– La « Loi de l’occitan » approuvée le 20 septembre 2010 par le Parlement de Catalogne fait de l’occitan la troisième langue officielle de son territoire.

– Des conventions pour l’enseignement de l’occitan, conformes au code de l’éducation, ont été signées dans les académies de Bordeaux, Montpellier et Toulouse entre la Région et le Rectorat ainsi qu’entre les rectorats concernés et les départements des Pyrénées-Atlantiques et du Tarn.

Une littérature prestigieuse, des troubadours à la science-fiction

La littérature occitane est la plus ancienne littérature romane d’Europe. Elle a connu son âge d’or aux XIIe et XIIIe siècles, avec la poésie des troubadours. Cette époque brillante fut interrompue par la Croisade contre les Cathares. Entre 1550 et 1660, on assiste à une première renaissance avec 3 foyers principaux : en Gascogne (Pey de Garros), à Toulouse (Godolin, Larade, Ader, d’Astros…), en Provence (Ruffi, Bellaud de la Bellaudière). Une deuxième renaissance de l’écrit d’oc se produit après la Révolution avec des auteurs comme Jasmin (Agen), La Fare-Alais (Alès) ou Gelu (Marseille), et organisée à partir de la création du Félibrige en 1854. La grande figure des lettres d’oc est alors Frédéric Mistral (Prix Nobel 1904). La création, en 1945, de l’Institut d’Estudis Occitans (IEO) fédère de nouvelles générations d’écrivains.

Charles Camproux, Max Rouquette, Robert Lafont, Bernard Manciet, Marcelle Delpastre, Max-Philippe Delavouët, Jean Boudou, Félix Castan… illustrent les lettres d’oc.

Au XXIe siècle, le renouvellement de cette littérature continue. Les générations nées entre 1930 et 1950 (Florian Vernet, Yves Rouquette, Joan Ganhaire, Roland Pécout, Michel Chadeuil…) explorent de nouveaux genres : récit de voyages, science-fiction, policier… ; de jeunes écrivains nés dans les années 1980 prennent peu à peu le relais (Silvan Chabaud, Aurélia Lassaque, Maëlle Dupont…). On en aura un aperçu sur le site des Éditions Jorn.

Une culture ouverte sur le monde

Des troubadours, dont la poésie s’est diffusée dans l’Europe entière, à Max Rouquette, traduit dans de nombreuses langues du monde (allemand, japonais, néerlandais…), la culture occitane a toujours refusé l’enfermement régionaliste.

La création artistique

Écrivains, journalistes, musiciens, chanteurs, conteurs témoignent d’une création artistique renouvelée. Les champs de la modernité (informatique, audiovisuel…) ont été investis par la langue et la culture occitanes.

Un enseignement dynamique malgré un manque de moyens flagrant

(cf. site de la FELCO) – des possibilités d’emploi nombreuses)

Dans les écoles, collèges et lycées, des expériences d’apprentissage comparé des langues romanes sont mises en place. La pédagogie de l’occitan veut permettre à l’élève de mieux comprendre son milieu de vie tout en l’ouvrant au monde et à l’altérité.

L’occitan est étudié par plusieurs dizaines de milliers d’élèves, de la maternelle à l’Université. Cet enseignement s’appuie sur une production pédagogique moderne et dynamique. Les offres d’emplois demandant une bonne connaissance de l’occitan dépassent actuellement le nombre des diplômés.

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